Sud Presse : Jean Nelissen, T2 des Castors (R2 Hommes), a toujours le feu sacré à presque 80 ans

Présent dans le basket depuis de longues années, Jean Nelissen reste un passionné de la balle orange. Alors qu’il approche les 80 ans, il revient sur sa longue et belle carrière.

Cette saison sera en principe la dernière de Jean Nelissen, assistant-coach de la R2 des Castors. Mais le bientôt octogénaire avait aussi dit ça la saison passée (et celles d’avant). Jean a parcouru en notre compagnie son demi-siècle d’expérience dans le coaching. « Mes meilleurs souvenirs ? En premier lieu, je ne suis jamais descendu avec une équipe. Et j’ai toujours joué dans les cinq premiers. J’ai aussi gagné trois Coupes de Brabant. J’ai eu l’occasion d’entraîner en D1 au Fresh Air mais j’ai été court-circuité. En second lieu, je pointerai aussi mon passage aux Atomics Brussels en  D1. Je donnais spécifique aux pros en journée. Tous des mecs gentils et à l’écoute. Une superbe expérience ! »

Actif en Provinciale et en Nationale, Jean apprécie la rigueur. Un bagage qu’il a toujours essayé de transmettre. « Je jouais dehors en cadets. En hiver, on allait vite acheter du sel pour pouvoir s’entraîner. Quand je vois comment ils sont gâtés de nos jours. » Jean a une sainte horreur lorsqu’un jeune lui annonce ne pas pouvoir s’entraîner en raison d’un examen ou d’un travail à remettre pour l’école. « Je leur ai déjà répété plein de fois l’anecdote suivante : aux Atomics en D1, le Luxembourgeois Marc Schiltz venait s’entraîner 4 fois par semaine le soir. Il rentrait à son kot, il étudiait jusque 2-3 heures du matin. Aujourd’hui, il est médecin du sport. Je pense que si vous avez la volonté et que vous êtes bien organisés, vous savez faire les deux. »

Faire la part des choses

En tant que coach il y a quelques années ou aujourd’hui comme assistant de Gianni Maren, Jean sait faire la part des choses. « Il ne faut pas être un dictateur mais il faut savoir se faire respecter. Il faut savoir employer la bonne manière pour parler aux joueurs. Je crois que les coachs comme les joueurs doivent aussi être capables d’accepter les remarques et se remettre en question. Mais il ne faut pas se leurrer : être un bon coach et un bon entraîneur, c’est compliqué ! »

Jean a un rôle un peu plus en retrait ces dernières saisons mais il garde son franc-parler et reste d’une franchise absolue. Son immense expérience parle du reste pour lui. « Comme avant avec les coachs Walasiak et Muylaert, on se complète bien avec Gianni Maren. Il est promis à un bel avenir. Parfois, quand je vois que ça dégénère sur le terrain, je lui dis : « Gianni, ça commence à me peler. Je vais péter un plomb là ». Gianni agit bien envers les joueurs, on a une belle entente. je ne vais pas lui mettre de bâtons dans les roues. Lui coache, moi je fais du spécifique. Qu’on soit bien d’accord hein, je ne suis pas son père mais quand je vois quelque chose, je n’hésite jamais. »

Vous aurez deviné que Jean n’a jamais sa langue en poche. Le corps arbitral peut aussi en témoigner. « Je ne supporte pas l’injustice. Quand un joueur vient trouver l’homme en gris et lui dit que c’est lui qui a mis la balle dehors et que le ref maintient à tout prix son jugement, cela me rend fou. Après le match, c’est oublié. Je ne suis pas rancunier mais je me bats pour mon club.»

« Est-ce qu’on pourrait ajouter deux petites choses mais très importantes à mes yeux ? » confie à la fin de l’interview Jean. « Je voudrais tirer mon chapeau aux frères Muylaert qui essayent de tirer l’école de basket des Castors vers le haut. J’aimerais aussi remercier le président Platieau. On a une super équipe en D1 Dames. L’idéal serait d’avoir dans quelques années une D3 Hommes aussi ! Enfin, j’aimerais remercier profondément mon épouse. Avec mon basket, je n’ai pas souvent été à la maison. Je la remercie de m’avoir permis de vivre à fond mon hobby. »

Christophe Kugener


Un caractère bien trempé

J’ai beaucoup de respect pour Jean et son parcours. Sa passion est toujours intacte » souligne Olivier Debus, qui fut vice-président aux Castors et Manager de l’équipe de P1 aux côtés du duo Maren – Nelissen. Olivier se souvient de quelques anecdotes truculentes. « À une époque, Jean réagissait parfois tardivement à des communications internes. Et puis on a compris: les mails qu’il recevait étaient imprimés gentiment par Jeremy Dekoninck et glissés dans le bac de Jean, qui en prenait connaissance à l’entraînement suivant, puis y répondait.» A l’instar de Raymond Goethals, Jean a la science du sport et un phrasé bien à lui : « Il a une excellente mémoire mais Jean a l’habitude de déformer de nombreux noms, prénoms de joueurs, coachs et mots de la langue française. Le plus marquant c’est son cher ‘Sponsoring’ qu’il prononce un peu à la brusseleire, ‘Sponsorizme’. Jean, c’est aussi un caractère à part et un tempérament
bien trempé. Je me souviens des récents playoffs en P1 face au Speedy. Il fait la leçon aux joueurs sur l’importance de ne pas prendre de techniques, et le seul qui en prend une, c’est lui. Quand une décision lui semble incorrecte, il sait râler sec… »
CK


Jean-François Walasiak, l’ancien coach brainois, a souvent travaillé avec Nelissen
« C’est un peu la science du basket »

Même si il s’est mis un peu en retrait du basket pour raisons familiales, Jean-François Walasiak entraîne toujours une fois par semaine au stade Gaston Reiff. Il connait très bien Jean Nelissen avec lequel il a formé durant quelques années un excellent duo de coachs. « A Joie & Santé, à Lepage et à l’Eclair, on a bien bossé ensemble. Puis, chacun a tracé sa voie et on s’est retrouvé aux Castors où Jean était directeur technique » se remémore le coach qui a appris beaucoup au contact de son aîné. « Jean, c’est un peu un deuxième Papa pour moi. On a fait un bout de chemin ensemble. On s’entend encore tout le temps. Il a la science du basket, il aurait pu être pro. C’est quelqu’un que tout coach se doit d’écouter car tout ce qu’il dit est vrai. »
Amoureux de son sport et adversaire de la défaite, Jean est aussi un gagneur. « Si vous ne voulez pas gagner, il ne faut pas continuer avec lui. Il ne lâche jamais rien. Les gamins à Braine ont du respect pour lui. » A presque 80 printemps, Jean a prévu de s’arrêter en bout de saison 2019-20. Un choix que le coach Walasiak comprend mais tempère. « Jean prend tellement les choses à coeur qu’il ne sait pas s’arrêter. Cela fait 5 ans que je l’entends dire que c’est sa dernière saison », sourit Jean-François Walasiak. Même lorsqu’il prendra la décision d’arrêter définitivement le coach, Jean Nelissen ne restera jamais donc bien loin des terrains que ce soit à Braine ou ailleurs.


Profil
Âge : 79 ans.
Résidence : Jean est né à Ixelles mais habite Braine-l’Alleud (Lillois) depuis 40 ans.
Travail : délégué commercial (pièces détachées pour automobiles) durant près de 45 ans.
Foot : il a démarré comme sportif au RSCA à l’âge de 8-9 ans.
Basket : Jean a débuté au club de Schaerbeek-Ouest via Jean Degreef.
Hobbies : football et cyclisme, « Un sport vraiment exigeant physiquement. »
Carrière : Jean a gagné 3 fois la Coupe de Brabant avec Eclair,Joie & Santé et Lepage. Actif dans le Brabant (y compris flamand) et le Hainaut, il a coaché dans une douzaine de clubs différents. En spécifique, il a entraîné les pros des Atomics à la fin des années ’90.
Particularité : ‘Jeanke’ n’a jamais été rétrogradé avec ses équipes et a toujours joué le top-5.
Coachs qui l’ont influencé : Jean Jacobs, Jef De Koster, JohnHuysecom.